Avec Paul Éluard, la poésie n'est plus un mirage, ni un rêve. Elle est la fusion du rêve et de l'action ; elle est, comme dit Aragon, le mariage du ciel et de l'enfer. Alors que naguère encore, le chagrin et la douleur isolaient le poète et ses chants du reste des hommes, ce qui aide aujourd'hui Paul Éluard à vivre, c'est d'aider les hommes à vivre. En reconnaissant l'enfer dans la vie des hommes, l'impossibilité d'en extraire son propre enfer, et la dérision qu'est la complaisance en l'enfer, Paul Éluard a rendu possible la fusion intime, irréversible, de la vérité et de la beauté, et la croyance en l'espoir, sentiment qui n'appartient qu'à ceux pour qui il n'y a d'autre religion que celle de la perfectibilité infinie de l'homme, d'autre philosophie que celle qui fonde la possibilité de transformer le monde, d'autre horizon, même au cœur de l'enfer, que ce ciel public : le bonheur humain. Préface de Louis Aragon.