N’attends pas que je te dise le nom de l’île où je t’emmène. Dès l’instant où tu vas y poser le pied, sabot ou pas, tu seras d’elle et elle sera tienne. Choisis pour elle le nom qui te plaira, de rêve ou de souvenir. Si tu n’as jamais eu souvenir ou rêve d’île, abandonne ce livre. Il n’est pas pour toi. N’attends pas non plus que je t’indique le nom du bateau. D’autres s’en chargeront. Il est des noms chez nous qu’on ne peut prononcer à peine d’avoir la gorge et le dedans du corps brûlés par les sept feux de l’enfer. Tout au plus dirai-je “le bateau” ou “le navire”. Jamais son nom ou sa fonction, au risque de perdre ma part d’éternité. Voilà. Ce qui n’est qu’une histoire de chez moi.